27.4.10

Lady Macbeth



De la distribution de grand format vocal émerge incontestablement l’impressionnante Lady Macbeth de Elisabete Matos. Le format wagnérien de cette voix immense et extraordinairement puissante domine sans effort apparent les ensembles et convient aux excès de ce rôle – où Verdi souhaitait, rappelons-le, une « voix rauque, étouffée et caverneuse » – d’autant qu’elle sait alléger, se montre prolixe de nuances et même capable d’une certaine virtuosité, appogiatures et trilles du Brindisi compris. La scène de somnambulisme la pousse à quelques outrances des expressions « hallucinées » et se conclut sur un ré bémol plein et tenu mais qu’elle ne peut cependant parvenir à filer, comme le souhaitait le compositeur. Une prise de rôle très convaincante et d’emblée affinée.

Quelques accessoires troublent aussi le jeu, mais cela est vite oublié lorsque l’on se plonge dans l’interprétation offerte par Elisabete Matos, magistrale Lady Macbeth. Le duo qu’elle forme avec le rôle-titre, assuré par Bruno Caproni, est saisissant.




Adenda: Leia-se também o que escreveu o crítico André Tubeuf:

(...) Elisabete Matos (Lady, Portugaise) tout simplement une révélation [...] : de la voix en haut, en bas, avec partout de l’accent (et pas seulement du timbre), de l’expression et, largement mieux que le ré bémol (ici en force, et qui n’est intéressant et même opportun que s’il est donné en fil de voix), les trilles du Brindisi, opportuns dans ce passage ostensiblement décoratif, le seul de l’ouvrage (pour distraire du désarroi de Macbeth). Que c’est bon et réconfortant, un opéra où d’abord on chante, et où, au lieu de pointures supposées grandes et surpayées des saisons à l’avance, on nous donne la surprise du jour !